La vigne est une plante délicate et le vigneron un être sensible qui met tout en œuvre pour que celle-ci s’épanouisse.
Mais s’il y a une chose contre laquelle l’homme à tête de vin ne peut rien faire, c’est bien la météo.
Nous avons eu un mois de mai agréable, chaud et ensoleillé et pourtant il n’a fallut que d’une petite semaine de pluie et de froid pour que le vigne soit déstabilisée…
Ô ma Syrah, reine de tous les cépages
Je me suis plié en quatre devant tes plus folles volontés
J’ai pris soin de biner les mauvaises herbes qui te faisaient ombrage
J’ai pris des gants pour ôter de ton tronc les pousses gourmandes
J’ai longuement peigné tes longs sarments pour qu’ils s’étalent au vent
J’ai concocté des tisanes de prêle et d’ortie que je te servais à l’aube
Et malgré tous ces égards, tu n’as pas su trouver la force d’ouvrir tes fleurs
Pourquoi ? Qu’ai-je fais de mal ? Combien d’années encore avant que tu me laisses t’apprivoiser ?
Mais laissons de côté les apitoiements de l’homme à tête de vin, et reprenons d’un point de vue de biologiste.
La vigne possède une fleur spéciale, elle n’a pas de pétales mais un capuchon floral. Au moment de la floraison, les étamines poussent ce capuchon et le font tomber. Une fois à l’air libre, le pollen peut se disséminer et féconder les fleurs voisines.
S’il y a une grosse pluie à ce moment précis, le capuchon se gorge d’eau et s’alourdit. Et s’il fait froid, les étamines perdent de la vigueur à la tâche et restent bloquées sous leurs capuchons. Par chance, la fleur de la vigne est hermaphrodite et peut se féconder toute seule. Elle va cependant donner vie à de toutes petites grappes de raisin et donner un vin fort et concentré mais peu de bouteilles.
Et c’est ce qui s’est passé le 10 mai 2020, 30mm de pluie, 12°C. La Syrah était prête mais elle ne fleurira plus!


Rédigé par Nicolas Caillaux