Le sol est l’essence même de l’agriculture. Ne pas le respecter, c’est le tuer.
La règle première est de ne pas l’écraser. Un sol tassé est un sol mort qui ne respire plus.
Travaillant comme tractoriste dans un domaine viticole en bio, je suis confronté quotidiennement à la surcharge pondérale infligée au sol.
Mon tracteur moderne pèse près de deux tonnes. A cela, il faut rajouter quelques centaines de kilo de fer forgé pour les outils de travail du sol, une cuve de 1000 Litres pour les produits de traitements, et mes 62 kg! La fréquence de passage est aussi à prendre en compte. Durant l’année, je passe facilement vingt fois entre chaque rang de vigne. L’intensité et le cumul de ces surcharges mène la vie dure à notre sol. Il a beau avoir bon dos, il prend cher. Les symptômes ne trompent pas. Les feuilles de vigne sont vert pâle voir jaunâtres et les raisins sont rachitiques.
Vous voyez le tableau, ce n’est pas bien beau.
Comment remédier à cela ? Facile, il suffit d’arrêter de démarrer le tracteur.
C’est ce que j’ai fait pour mon petit hectare de vigne que je cultivais dans les Coteaux du Lyonnais. Du tout manuel : la pioche sous le rang, le treuil pour tirer la charrue à bras, l’atomiseur à dos pour les traitements, la cisaille pour les rameaux trop longs, les balles rondes de paille déroulées dans la pente et bien sûr les vendangeurs et leurs sécateurs… ça a fonctionné, le vin qui a coulé était du concentré de bonheur. Cette solution est adaptée aux micro surfaces ou aux vins de coteaux à très haute valeur ajoutée.
Reprenons ma problématique actuelle, comment un domaine de 60 hectares de vignes en Côte de Rhône peut-il respecter ses sols? Ils sont passé en bio, c’est la moindre des choses d’éradiquer les produits toxiques. Côté tassement du sol, je propose d’oublier la méthode Zéro tracteur et de choisir la méthode forte : le décompactage forcé.
Dans un premier temps, on creuse un trou pour descendre dans le sol.
Une fois le nez dans les racines, on repère la zone dure et sans signe de vie (vers de terre, humus noir, racines). Elle correspond au tassement créé par le tracteur. Ensuite on mesure la profondeur de cette zone pour décider de la longueur de la lame à utiliser pour décompacter le sol. On prend enfin le plus gros tracteur possible pour labourer au plus profond des entrailles de la terre.
Que penses-tu d’un entre deux ni mini ni 60ha cultivé en traction animale????
Merci Nico pour ces réflexions partagées!
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Il y a bien un vigneron voisin qui fait de la traction animal et en allant me promener dans ses vignes je peux te dire que ça fait du bon boulot.
Après c’est toi même qui a souligné la non-rentabilité du système de traction animal de Jean Yves.
Sinon, je pense sérieusement à ramener un cheval de chez mes parents, de lui trouver un près par ici et ensuite j’aviserai…
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